PORNO ET ADOS, UN MÉLANGE EXPLOSIF

Nous reprenons septembre avec une collaboration sur un problème qui a augmenté depuis la pandémie : la consommation de pornographie par les adolescents et les préadolescents. Encore une fois, gare au loup, encore plus en ces temps numériques changeants où ils passent trop de temps en ligne. Merci Dr. Gemma Mestre-Bach, et Dr. Carlos Chiclana pour cet article.


L’utilisation de la pornographie chez les adolescents a augmenté de façon exponentielle ces dernières années, probablement en raison de l’arrivée de contenus sexuellement explicites en ligne. Internet, selon l’une des théories les plus acceptées dans le domaine scientifique à ce jour, la théorie de la triple A (Anonymat. Accessibilité. Abordabilité), permet un accès particulièrement simple à ce type de contenu, facilite l’anonymat du consommateur de pornographie et garantit l’accès même gratuit à ces contenus. Cela, ajouté à la faible réglementation des sites Web pornographiques, a encouragé les mineurs à être exposés, volontairement ou involontairement, à ces contenus sexuellement explicites.

Lors de l’analyse du profil des consommateurs mineurs de pornographie, le récent rapport Save the Children a rapporté que, en Espagne, 53,8% des adolescents ont reconnu avoir consommé de la pornographie pour la première fois entre 6 et 12 ans, tandis que les 46,2% restants l’avaient fait entre l’âge de 13 et 17 ans. En plus de l’âge, il est important de tenir compte du sexe, car il a été observé que les garçons ont une plus grande tendance à consommer de la pornographie que les filles. Cependant, ces dernières années, la consommation de pornographie chez les filles a également augmenté.

Pourquoi certains adolescents consomment de la pornographie et d’autres pas?

Il a été suggéré que certains facteurs pourraient être davantage associés à la pornographie chez les adolescents tels que les garçons, à une forte impulsivité, à une faible estime de soi ou bien à une tendance accrue au non-respect des normes.

Quelles sont les conséquences possibles de la consommation de pornographie?

Certaines études ont montré que la pornographie chez les adolescents peut être associée à des symptômes anxieux et dépressifs, à la consommation d’alcool et d’autres substances, ou à une dépendance à la pornographie, entre autres.

Bien qu’il s’agisse encore d’un sujet de débat qui suscite une certaine controverse, il existe de plus en plus de preuves démontrant une éventuelle dépendance à la pornographie. Il a été suggéré qu’il existe des comportements tels que le jeu, les achats ou, dans ce cas, la pornographie, qui pourraient devenir addictifs, et qui présentent de nombreuses similitudes avec l´addiction aux drogues.

Certaines des similitudes entre l’utilisation problématique de la pornographie et la toxicomanie sont les suivantes :

  1. Désir et manque de contrôle sur le comportement : l’adolescent aurait beaucoup de mal à mettre fin à la pornographie et rapporterait un désir irrépressible de voir des contenus sexuellement explicites.
  2. Tolérance : l’adolescent aurait besoin de plus en plus de pornographie ou de consommer de plus en plus des contenus sexuels plus extrêmes ou plus sophistiqués pour se sentir aussi excité que lorsqu’il a commencé à consommer de la pornographie.
  3. Interférence dans différents contextes de vie : l’utilisation de pornographie créerait chez l’adolescent une interférence dans son quotidien. Par exemple, des conflits interpersonnels, une détérioration des résultats scolaires, moins d’heures de sommeil, etc.
  4. Utilisation malgré le dommage : bien qu’il en ressente les conséquences négatives, il continue à consommer de la pornographie.

Que faire face à la pornographie adolescente ?

Différentes stratégies d’intervention ont été envisagées :

• Dans le cas des familles, promouvoir l’utilisation de l’internet dans les espaces partagés du foyer, afin de pouvoir effectuer une certaine surveillance des contenus en ligne auxquels les mineurs peuvent être exposés. Disposer d’un logiciel de contrôle parental pourrait également être une bonne option, étant donné qu’il s’est avéré comme un outil efficace de prévention de la pornographie chez les adolescents. En outre, il a été proposé de limiter l’utilisation de l’internet à environ 2 heures par jour et de sensibiliser les parents à leurs propres recherches en ligne, afin d’éviter l’exposition involontaire des mineurs à des contenus sexuellement explicites.

• Dans le cas des pédiatres/médecins, il a été proposé qu’ils évaluent la pornographie chez les adolescents à partir de 12 ans. S’il y a des soupçons d’utilisation problématique de la pornographie par l’adolescent, il faudrait étudier en profondeur la fréquence de la consommation et les interférences générées par la pornographie et l´orienter vers la santé mentale.

• Formation et éducation sexuelle, émotionnelle et affective et relationnelle : c’est le meilleur outil de prévention.

POINTS CLÉS

  1. Tous les adolescents ne consomment pas de pornographie, et ils ne le font pas tous avec la même fréquence.
  2. La consommation de pornographie est associée à différents facteurs, comme l’âge, le sexe, ou les niveaux d’impulsivité.
  3. L’usage de la pornographie peut être associé à des conséquences négatives pour les adolescents, notamment l’utilisation problématique de la pornographie, également connue sous le nom d’addiction à la pornographie.
  4. Il est essentiel que les membres de la famille et les professionnels de la santé mettent en œuvre des stratégies d’intervention efficaces en cas de suspicion de dépendance à la pornographie.

Auteurs: Dr. Gemma Mestre-Bach, and Dr. Carlos Chiclana

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