Sécurité contre l’exploitation forcée

«Attitudes prédictives et cultures préventives contre la violence», tel est le slogan de l’OveHum InterNational, ce qui signifie que nous devons comprendre les caractéristiques des victimes potentielles dans tous les scénarios que nous traitons.
Nous avons publié des articles sur la violence à l’école, sur les risques d’Internet, sur les profils pour identifier les problèmes de comportement, etc. Nous accueillons maintenant notre collaboratrice Gwen Garfall directrice de S.A.F.E. Sécurité contre l’exploitation forcée pour examiner un sujet qui a atteint des niveaux épidémiques

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De nombreuses publications expliquent comment reconnaître et identifier une personne victime de traite d’êtres humains, mais quelles sont les caractéristiques d’une victime potentielle ? Existe-t-il un profil de victime et, si oui, est-il aussi illusoire que le profil de Monsieur Tout-le-monde ?

En tant que directrice de S.A.F.E., une maison pour les mineurs victimes de traite d’êtres humains, j’ai compris que pour ces victimes, le chemin de la reconstruction va être long et ardu. Afin de secourir les victimes et les retenir dans notre programme résidentiel, nous collaborons en permanence avec des policiers, des tuteurs, des familles d’accueil, des travailleurs sociaux, des enseignants, des organismes partenaires et autres ONG (Organisations Non Gouvernementales). Quand on commence à réfléchir à la probabilité que ce crime furtif a de toucher des adolescentes aux États-Unis, un profil de victime commence alors à émerger. J’ai été impliquée dans les efforts de sensibilisation en Asie et j’ai formé et éduqué au sujet de l’exploitation des mineurs en Amérique Latine, mais mon expérience et ma spécialisation sont ancrées dans le problème « interne » aux Etats-Unis.

Après quelques années à travailler en tant que directrice du programme également en tant que conseillère résidente en santé mentale, un profil de victime à commencé à émerger (les agences partenaires ont confirmé les résultats). J’ai enregistré des informations de chaque nouveau résident et j’ai travaillé avec des agences partenaires, tandis que les schémas et les circonstances se répétaient. Considérant l’adage souvent cité de Benjamin Franklin : « Mieux vaut prévenir que guérir », j’ai décidé que, pour lutter contre ce problème, je devais aborder une pièce manquante dans le problème multifacettes de l’exploitation sexuelle des mineurs. La pièce manquante est la prévention.

J’ai développé un programme de prévention à destination de la population féminine aux États-Unis ayant l’âge cible de ce crime.

Beaucoup d’adultes ont conscience de ce crime atroce grâce à la place publique qu’il a à travers des reportages aux Infos à la télévision ainsi que des articles sur internet. Ces reportages et ces articles favorisent la prise de conscience, ce qui provoque des groupes d’intérêt, des mesures de compassion et des initiatives de lutte contre le crime aux États-Unis, mais les adolescentes restent relativement inconscientes. Les jeunes filles (en grande majorité) ignorent en quoi consiste la stratégie de séduction d’un proxénète, d’un trafiquant de personnes ou d’un recruteur. Les filles savent à quoi ressemble un enlèvement, mais elles ne savent pas à quoi ressemble la séduction.  La séduction se définit comme une façon d’attirer ou d’égarer. Nous nous sommes également rendu compte que les victimes et les autres adolescentes de leur âge étaient très mal informées sur les circonstances qui pourraient les exposer au risque d’être la cible de traite.

Deux ans après cette découverte, une équipe de bénévoles de S.A.F.E. a présenté dans des collèges de Floride, aux élèves de l’âge cible, c’est-à-dire 11-15 ans, le premier programme de prévention hebdomadaire, RUATarget©. Les enseignants, les directeurs, les conseillers pédagogiques et les élèves ont été informés au cours de nos présentations. Les élèves ont confirmé notre profil de victime grâce à une enquête confidentielle réalisée lors de la présentation de prévention. Les élèves ont également utilisé le questionnaire simple pour améliorer l’auto-identification en tant que victimes.

Voici les facteurs qui, selon nous, exposent les filles mineures aux États-Unis au risque d’être la cible d’exploitation 

sexuelle :

  • Âgée de 11 à 15 ans
  • Membre d’une famille mono-parentale
  • Historique avec abus ou agressions sexuels
  • Pauvreté ou foyer ayant de faibles revenus
  • Père ou tuteur non impliqué
  • Historique avec passage dans des familles d’accueil
  • Absentéisme scolaire
  • Personnalité timide ou obéissante, fragile
  • Utilisation des réseaux sociaux sans restriction ni supervision
  • Vie familiale instable

Après avoir assisté à une présentation de prévention, les élèves ont pris conscience de ces facteurs et également de leurs circonstances personnelles qui pourraient potentiellement les mettre en danger. Les filles pouvaient devenir les meilleures avocates pour elles-mêmes afin d’atteindre leur plein potentiel et savoir reconnaître les leurres menant à une vie déviée, et pouvaient également avertir leurs semblables. Un programme de prévention pour la population ayant l’âge cible favorise la conscience et la sécurité. Chaque investigateur établit un profil pour comprendre et contrecarrer ou éliminer une activité criminelle spécifique. Bien que nombre des facteurs énumérés dans cet article soient des facteurs à risque qui prévalent dans toute société, je crois qu’il serait utile à chaque pays de découvrir quel est le profil de victime spécifique à sa région et sa culture.

Le profil de victime que nous avons déterminé a aidé les écoles et les enseignants à reconnaître que l’absentéisme scolaire d’une mineure peut être un signal d’alarme d’exploitation sexuelle. Bien que toutes les étudiantes présentant un problème d’absentéisme ne sont pas des victimes, nos données montrent que toutes les victimes présentent un problème d’absentéisme. Cette seule caractéristique permet aux conseillers pédagogiques d’identifier et d’aider les victimes qui sont piégées dans l’esclavage sexuel tout en étant toujours inscrites à l’école. Le profil de victime a aidé les personnes travaillant en tant que famille d’accueil à être vigilants quant à la vulnérabilité des adolescentes dont ils ont la charge. Le profil a permis aux infirmiers et employés de cliniques médicales d’avoir une meilleure connaissance de ce thème. Le profil de victime a apporté une meilleure compréhension et une pièce qui manquait aux autorités policières luttant contre l’exploitation commerciale sexuelle de filles mineures aux États-Unis.

A ce jour, nous avons transmis le programme de prévention de RUATarget© à quarante-deux États et cinq pays. Si vous désirez en recevoir gratuitement un exemplaire pour l’éducation ou la collaboration avec une agence ou un organisme luttant contre la traite d’êtres humains, contactez-moi sur Linkedin.

Auteur: Gwen Garfall, Directrice

 

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